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Sans abris à Royan : des nuits à la belle étoile !

samedi 16 décembre 2023, par E. Stroesser

Le Collectif habitat social en pays royannais, en partenariat avec la Ligue des droits de l’Homme du pays royannais, a mené en 2023 une enquête pour connaitre la réalité de l’offre d’accueil pour les personnes sans abris. En voici la synthèse.

L’offre de places d’accueil de nuit paraît suffisante aux professionnels, élus et bénévoles rencontrés. Beaucoup nous décrivent 3 à 4 personnes « réellement à la rue », autrement dit sans toit, et avec souvent des problèmes psychiques. Des sortes ’d’irréductibles’, refusant les formes d’hébergement proposées. Les autres personnes vivant dans la rue en journée auraient un toit (dans de la famille, chez des amis, logements de fortune). Ou trouveraient réponse avec l’offre proposée par la ville ou Tremplin 17 (les deux seuls acteurs pour l’hébergement) et le 115.

Un dispositif hivernal, sauf le week-end

Le dispositif est jugé adapté l’hiver. Les places d’urgence de Tremplin 17 (dans des studios où les personnes peuvent rester six jours de suite) palliant la fermeture de la ville Étoile le week-end, gérée par le CCAS (qui ne propose que trois nuits possibles par semaine, du lundi au jeudi soir). Du moins c’est ce qui est supposé. Car personne n’a de chiffre sur le nombre moyen des demandes faites au 115 (le passage obligé pour obtenir un lit à l’abri) et encore moins sur le nombre de demandes qui n’obtiennent pas de réponse ou pas satisfaisantes (aller à Rochefort ou Saintes quand on n’a pas de moyen de locomotion et qu’il n’y a plus de train…).

Des habitudes prises à défaut

Il nous est décrit des parcours quasi ’institutionnalisés’ où des personnes vivent une semaine par mois chez Tremplin, pour se reposer, et qui reprennent l’errance le reste du mois.
Des personnes à la rue interrogées nous expliquent refuser le dortoir de la Villa Etoile, ou mettent en question la sécurité au sein des appartements d’urgence de Tremplin 17 (un code d’accès qui ne serait pas changé assez souvent).

Le désert estival

L’été, la saison attire un autre public, « plus nombreux », mais sans aucune estimation même approximative. Ce qui est certain c’est que celui-ci doit se débrouiller. Car il n’y a plus d’accueil de nuit par la ville, seules les places de Tremplin 17 (en studios), mais limitées en nombre.

Le manque d’accueil de jour

Ce qui manque de façon évidente, été comme hiver, c’est un accueil de jour. Pour renforcer le seul existant à ce jour, celui offert par les équipes du Secours catholique (dans la zone Royan 2). Mais celui-ci est excentré (dans la zone commerciale de Royan 2) et ne repose que sur des bénévoles. Il ne fonctionne pas non plus le week-end.

Une offre a minima

L’offre est donc à la hauteur des moyens mobilisés. Et non forcément des besoins. Impossible d’ouvrir la ville Étoile le week-end et hors hiver, puisque cet accueil ne repose que sur un agent municipal.

Les pistes d’amélioration et/ou de suivi

En partant de ce constat, le Collectif habitat a réfléchi à des pistes d’amélioration et autres préconisations, à partager avec les acteurs rencontrés pour cette enquête (associations, mairie, CCAS, Tremplin 17).

Il nous semble important de réfléchir à la mise en place d’un accueil de jour plus accessible que celui qui existe aujourd’hui grâce au Secours catholique, près de la déchetterie... Ce lieu pourrait être mutualisé ou coordonné entre ville, CCAS et associations. Il permettrait d’assurer un lieu de repos, de répit et de socialisation. Et aux personnes sans abris en journée de se mettre aussi à l’abri (du froid, du chaud, de l’insécurité notamment pour les femmes), de se poser, échanger. Il aiderait à tisser des liens avec des publics plus itinérants, des personnes pour lesquels le retour « à l’abri » nécessite un accompagnement global (et notamment vers des soins), à la mesure de la complexité de leurs histoires.

Il nous semble également évident de renforcer - et pérenniser - la villa Étoile (pour ouvrir les week-end, voire en combinaison avec l’accueil de jour).

Comme de construire une réponse pour la saison estivale.

Réaliser et mettre à disposition des sans-abris une cartographie des points d’eau.

Mener une autre enquête de terrain pour comprendre les situations (leur diversité et complexité). Et adapter des réponses, individuelles et collectives. Près de 40 % des personnes à la rue ont plus de 50 ans ! Certaines villes ont mené ce travail dans le cadre des Nuits de la solidarité.

Enfin, étendre l’enquête aux communes voisines, et autres formes ’d’habitat’ dans le pays royannais (camping, dans les bois, en voiture).